Cinq buts encaissés, je crois qu'il va falloir s'interroger sérieusement sur la viabilité de la défense à cinq, censée précisément nous éviter d'en prendre autant...
Catastrophique cet après-midi, on encaisse un but sur toutes les situations possibles : centre, corner, pénalty, coup-franc lointain... Dans le jeu, on est totalement dépassés à chaque accélération et l'équipe est coupée en deux, incapable de mettre un frein aux accélérations adverses. Sur CPA, alors qu'on était supposés avoir plus de sérénité avec la taille de Touré, on se retrouve encore vulnérables sur un corner.
Offensivement, on revit les pires heures de Pélissier avec une équipe à réaction qui attaque en désordre quand elle est menée, et renie son propre football quand elle a la chance de mener. La principale différence aujourd'hui, c'est qu'on a un joueur comme Faivre qui, quand il prend le temps de s'appuyer sur ses partenaires et de jouer vite vers l'avant, est un vrai poison pour l'adversaire. Pas suffisant pour compenser nos lacunes derrière. Pas suffisant pour compenser une mi-temps pratiquement abandonnée à l'adversaire alors qu'on avait moyen de faire bien mieux. Tactiquement, on a encore une fois explosé cet après-midi, et après en avoir pris trois au Havre, on en prend cinq contre Nantes... Inquiétant.
On avait montré de meilleures choses contre Monaco, mais on a tout oublié contre Nantes. Rien n'a été mis en place pour marquer ce deuxième but. Un jeu stéréotypé, lent, poussif, pathétique parfois avec des sorties de balle tirées par les cheveux qui n'amenaient à rien, sinon une action nantaise. Les défaillances individuelles n'ont pas été aussi nombreuses que le score pourrait le laisser croire, mais clairement Kalulu va devoir être mis en concurrence avec quelqu'un d'autre, et vite. Il a été proche du néant offensivement, et défensivement il n'offre plus les mêmes garanties que la saison passée. Dépassé dans les duels, mal positionné, rarement au contact de son vis-à-vis, et de toute évidence submergé par la tâche qui lui est confiée, c'est-à-dire d'animer tout le couloir droit tout en combinant avec Faivre. Ce système ne lui convient pas, et je ne suis pas sûr qu'il mette en avant les qualités de Le Goff au point de justifier son maintien...
A quatre derrière, avec des couloirs doublés, on aurait un peu plus de sérénité pour jouer les prises à deux sur des joueurs comme Simon qui sont terriblement dangereux pour nos arrières. Le milieu de terrain a été oublié pendant une grande partie du match, et pourtant il n'a pas démérité : Ponceau et Abergel ont vraiment fait de leur mieux, pour réguler et pour accélérer, mais en vain. On n'a pas su trouver les clés pour accélérer, les Nantais ont vite compris qui cadrer et dans quel tempo, et finalement on a dû se résoudre à du hourra football pour espérer tirer quelque chose de cette partie. Désolé, mais lancer des ballons devant pour Touré, ça ne ressemble pas au football que nous promettait Le Bris, et ça me rappelle les heures sombres de Pélissier ou Landreau. Au moins Gourcuff avait le mérite de vouloir tomber avec ses idées, parce qu'il les croyait bonnes, à même de revenir dans la partie. En changeant de système pour marquer un but de raccroc, qu'essaie de nous dire Le Bris ? Que son système de jeu ne produit pas les résultats escomptés ? On a eu de merveilleux résultats en début de saison dernière avec un système qui n'était pas aussi défensif : est-il impossible de revenir à un 442 ou un 4231 sans Moffi et Ouattara ? Laporte et Talbi sont-ils à ce point des peintres qu'ils seraient les seuls défenseurs du championnat à ne pas pouvoir évoluer dans une charnière à deux ?
Les choix du coach sont difficilement compréhensibles ce soir.
Comment expliquer que nous ayons terminé avec TLB, Mvuka ou encore Pagis sur le banc, et un seul attaquant de pointe (je refuse de compter Touré dans le lot) ? Comment expliquer que Kalulu puisse être titulaire, ou bien qu'il ait pu survivre à sa mi-temps désastreuse ? Comment expliquer que l'équipe ait reculé autant face à des Nantais vraiment pas méchants en première période ? Comment expliquer le manque de maîtrise à tous les niveaux, alors qu'on aligne un système dans lequel les joueurs sont censés être à l'aise depuis le temps ? Comment expliquer que nos attaquants (Kroupi, Tosin, Faivre) au petit gabarit soient systématiquement alimentés par de longs ballons aériens, alors qu'on sait très bien qu'ils n'ont aucune chance de les gagner ? Où est passé le jeu léché à peu de touches de balle qu'on voyait l'an dernier, et qu'on essayait de mettre en place pour déstabiliser l'adversaire ? Pourquoi l'a-t-on remplacé par ces hideuses phases de possession stérile où Laporte, Talbi, Touré et Mvogo se font des passes inutiles qui n'aspirent rien du tout, à part l'enthousiasme des supporters Lorientais ?
Quand j'entends l'entraîneur nantais crier à ses joueurs de jouer "vers l'avant", j'en viens presque à être jaloux. Vers l'avant ! Qu'on arrête avec ces maudites passes vers l'arrière qui donnent l'illusion qu'on est capables de "faire le jeu". Qu'on arrête avec ce culte de la statistique (car oui, on peut se gargariser d'avoir eu 60% de possession de balle en première période, on s'en fout complètement en fin de compte), qui nous pousse à jouer systématiquement la prudence. Qu'on arrête avec les schémas compliqués, les choix alambiqués, et les hommes providentiels. Gourcuff n'a jamais eu besoin d'un Mendy ou d'un Bakayoko pour tenir la baraque, et très peu d'entraîneurs de L1 peuvent se targuer de pouvoir aligner des joueurs comme Faivre, Talbi ou Mvogo tous les week-ends. Ca ne les empêche pas de proposer quelque chose.
Les joueurs ont leurs limites, mais le système est censé les compenser, pas les exposer. Les joueurs ont leurs qualités, et le système est censé les sublimer, pas les inhiber.
Le système, ce n'est pas seulement le placement des joueurs sur un papier vert, c'est aussi le système de pensée, c'est aussi l'esprit qu'on met dans chaque décision, l'âme collective du groupe qui doit tendre vers l'envie de gagner, et non la peur de perdre ; vers l'envie de marquer, et non la peur d'encaisser un but. Quand on commence à gagner du temps à la dixième minute parce qu'on vient de marquer contre Nantes... franchement, la honte.
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